Alors que le gouvernement rwandais ne cesse de dire que les Rwandais résidant à l’étranger peuvent rentrer dans leur pays sans contrainte, l’actualité récente semble prouver le contraire.
Mercredi 23 novembre 2016, à Nairobi l’abbé Thomas Nahimana a été empêché d’embarquer pour un vol qui devait le ramener à Kigali avec deux de ses amis et un enfant en bas âge (7mois). Cette délégation remplissait pourtant les conditions de voyage. Mr Nahimana dispose, selon ses propos, de toutes les preuves que son retour au Rwanda a été bloqué par les autorités rwandaises.
Au nom de son parti Ishema né en Europe, Mr Nahimana était décidé à rentrer au Rwanda pour présenter sa candidature à l’élection présidentielle prévue en 2017. Sur les réseaux sociaux, unique espace d’échanges libres entre les Rwandais, les réactions sont nombreuses. Pour certains, c’est une preuve incontestable que le gouvernement rwandais est prêt à tout faire pour continuer à bloquer toute éventualité d’ouverture de l’espace politique.
Pour d’autres, le gouvernement rwandais exprime par ce geste inédit, une grande peur de l’ouverture. Ces internautes font référence à des politiciens et hommes d’opinion emprisonnés sans aucun motif (la liste est longue : Mme Victoire Ingabire, Mr Kizito Mihigo, le Dr Christophe Mpozayo, Mr Déo Mushayidi, etc.) .
Toujours selon ces internautes, le gouvernement rwandais a normalement l’habitude de mettre en prison tous ceux qui n’approuvent pas son action. En revanche, le retour médiatisé de l’abbé Nahimana et son équipe est un vrai piège. Les autorités rwandaises, déjà critiquées et désapprouvées par la communauté internationale sur les droits de l’homme et les libertés d’expression, semblent prendre la mesure de l’enjeu. Pour éviter de s’attirer à nouveau une avalanche de critiques, le gouvernement rwandais préfère empêcher le retour de l’opposant très médiatisé et qui pourrait avoir beaucoup d’adhérents au Rwanda.
Si l’opposition rwandaise et la société civile (qui n’approuve pas l’action gouvernementale) ne sont toujours pas les bienvenues au Rwanda, on peut réellement se poser la question de l’unité rwandaise. Celle-ci est le résultat d’un processus d’ouverture et non d’un système d’exclusion ou d’autocentrisme.
Faustin KABANZA