19/03/2017, par Faustin Kabanza
Les jours et les semaines passent comme si de rien n’était. Pourtant le chanteur populaire rwandais Kizito Mihigo est toujours en prison.
Pour un énième rappel, ce chanteur a été arrêté le 06 avril 2014 à Kigali. Selon certaines sources, cette arrestation a été minutieusement manœuvrée par un policier qui était pourtant un ami proche du chanteur. Selon le rapport de Human Rights Watch publié en avril 2016, Kizito Mihigo a été détenu dans un lieu tenu secret pendant huit jours qui ont suivi l’arrestation. Au cours de cette période, il aurait été torturé et fait l’objet de nombreux interrogatoires intempestifs, décrétés par la police ou par certains cadres gouvernementaux.
La disgrâce de Kizito Mihigo, auparavant « fils chéri » du pouvoir, a dû surprendre tout le monde. La sortie préméditée de sa chanson « Igisobanuro cy’urupfu (explication de la mort) a mis de l’huile sur le feu, sans nul doute! Le chanteur a enfin exprimé sa conviction, ses vraies valeurs contre tout intérêt immoral. Jusqu’à l’heure actuelle, cette chanson est interdite sur tout le territoire rwandais. Pour l’écouter, on doit s’enfermer chez soi et garder une grande vigilance pour éviter qu’on soit vu ou entendu.
Kizito Mihigo a été présenté à la justice après plusieurs manœuvres diffamatoires contre sa crédibilité. Le parcours de son procès depuis son arrestation a connu des péripéties assez troublantes, notamment le discours du président de la République « Moi je ne suis pas un chanteur pour divertir les ennemis de notre pays”; les aveux du chanteur et sa demande de pardon au président Kagame, le renoncement de ses avocats pour plaider coupable, etc.
Le 27 février 2015, la justice a condamné Kizito Mihigo à 10 ans d’emprisonnement pour conspiration contre le gouvernement du Président Paul Kagame. Ce jeune chanteur de la chanson liturgique est-il vraiment capable de comploter contre le pouvoir? Avec quels moyens ?
Après cette parodie de justice, le chanteur a fait appel de cette décision auprès de la Cour Suprême il y a deux ans. Cette dernière ne semble pas pressée pour annoncer la date de comparution du chanteur qui attend indéfiniment les miracles du Ciel!
Rappelons-le, le président de la Cour Suprême (prof. Sam Rugege) a déclaré publiquement (lors des cérémonies d’ouverture de l’année judiciaire 2016-2017), que les plaintes déposées auprès de cette instance ne pourraient en aucun cas dépasser un délai d’un an et demi sans réponse.
Que s’est-il passé pour le cas de Kizito Mihigo ? La Cour Suprême a-t-elle reçu une injonction politique qui bloque ce procès ? Mystères !!