L’ouverture d’une enquête engagée par les autorités rwandaises sur le rôle supposé d’une vingtaine de responsables français dans le génocide commis contre les tutsi, intervient après que la justice française a rouvert une enquête en octobre afin d’entendre un ancien chef d’état-major rwandais, qui accuse l’actuel président Paul Kagame d’avoir été l’instigateur de l’attentat contre le président Habyarimana. En effet, la nouvelle commission rogatoire a été lancée par les juges Nathalie Poux et Jean-Marc Herbaut, suite à une nouvelle demande de Kayumba Nyamwasa pour être interrogé. Une demande qu’il a assortie d’une déposition devant notaire faite le 23 juin dernier à Pretoria, dans laquelle il met à nouveau directement en cause le général Paul Kagame l’actuel président rwandais et ancien compagnon de guerre de Kayumba Nyamwasa. En octobre dernier Kagamé avait menacé de rompre les relations des deux pays en ajoutant: “C’est la France qui devrait être sur le banc des accusés et être jugée”.
Selon le journal « Le Monde », mardi 29 novembre dernier, le procureur général du Rwanda a annoncé cette ouverture de vingt responsables français dans le génocide qui a fait environs 800 000 morts en cent jours parmi les Tutsi et Hutu. Dans un communiqué, le procureur général, Richard Muhumuza, indique :
« A l’heure actuelle, l’enquête porte sur vingt personnes qui, d’après les informations recueillies jusqu’à présent, sont tenues par l’organe de poursuite [judiciaire] de permettre de mieux comprendre leur rôle et de décider si elles seront poursuivies ou non. »
N’excluant pas que d’autres agents ou fonctionnaires français soient « appelés à assister l’organe de poursuite » au fur et à mesure que les enquêtes se poursuivent, M. Muhumuza écrit compter sur la coopération de la France :
« Les autorités compétentes du gouvernement français ont été formellement engagées et le bureau du procureur général s’attend à ce que ces autorités compétentes veuillent bien coopérer tout au long de cette enquête judiciaire sur la base de l’offre de la réciprocité. » précise Le Monde
Rien de nouveau?
Selon le journal « La Croix », pour le ministère français de la défense « Rien de nouveau » dans ce dossier rwandais.
En réponse à l’accusation, le ministère français de la défense s’est contenté de renvoyer à une déclaration faite le 16 novembre par le ministre Jean-Yves Le Drian, après la diffusion par Kigali d’une liste de 22 officiers supérieurs français accusés d’implication dans le génocide.
Ce dernier avait estimé qu’il n’y avait « rien de nouveau », cette liste « étant à peu près identique à celle de 2008 », insistant sur le fait qu’« affirmer que l’armée française a pris part au génocide est un mensonge indigne ». Et que, « seule parmi les membres de la communauté internationale, la France a pris toutes ses responsabilités et engagé avec courage ses forces sur le terrain contre la barbarie ».
Cette liste avait été publiée le 1er novembre par une commission rwandaise en réponse à la décision de deux juges français de relancer l’enquête sur l’attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. Parmi eux, figurent le général Jacques Lanxade, ancien chef d’état-major de l’armée française, et le général Jean-Claude Lafourcade, qui commandait la force Turquoise déployée le 22 juin 1994 au Rwanda sous mandat de l’ONU.
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Jean-Claude Mulindahabi