2017, année charnière ?

05/01/2017, par MNE Nkundabayo

L’année 2016 aura été une année pleine de surprises. Pas mal de changements sont intervenus dans la géopolitique et géostratégie mondiales ; des événements majeurs survenus cette année laissent présager d’autres réorientations dans un avenir proche. Des dynamiques profondes ont connus leur aboutissement ou, tout simplement, ont été rendues publiques ces trois dernières années. Une nouvelle ère s’ouvre avec 2017 et elle est pleine d’inconnus.

C’est en occident que les changements les plus importants sont à observer : La montée en puissance et les victoires électorales des Droites nationalistes dites « souverainistes » ou « isolationnistes » annoncent des changements conséquents dans l’ordre établi, que ce soit à l’intérieur ou sur le plan international. La mondialisation ultralibérale et l’humanisme universaliste semblent être les premières victimes de ces tendances. Le point culminant de cette lame de fond fut la victoire du « oui » au Brexit et, dans la foulée, le résultat des présidentielles américaines. Ces victoires ont mis en exergue une réalité qu’on ne voulait pas voir jusque-là : Désormais il existe, en Occident, une scission irréversible entre les visions inconciliables de la société par les grandes composantes de celle-ci ; les populations des grandes villes majoritairement multiculturelles, progressistes, plus jeunes et mieux instruites, actives dans le tertiaire et, d’autre part, celles des campagnes et des petites villes rurales ou des banlieues prolétaires plus conservatrices et souvent victimes de la mondialisation. Les limites de la communauté de destin n’épousent plus les frontières nationales mais celles des nouvelles classes sociales transnationales.

Les causes de ces changements sont multiples ; les plus évoquées sont la crise économique de 2008 dont les classes moyennes et les plus défavorisées ressentent encore les effets, l’immigration massive suite aux conflits au Moyen-Orient ajoutée à celle qui existait déjà en provenance d’Afrique ou celle en provenance du Mexique pour les américains et, pour finir, les attentats qui ont eu un impact psychologique très important. Sur le plan économique, cette mondialisation ultralibérale qui favorise le chômage et le dumping social synonymes de chômage et de précarité salariale, a largement contribué à légitimer un discours « populiste » dénonçant les élites politiques, médiatiques et financières déconnectées des réalités ou accusées de profiter, seules, des bénéfices de cette mondialisation au détriment des peuples. C’est dans ce contexte que l’immigration est vue, par les mêmes, comme un phénomène subi, source d’instabilité sociale et sécuritaire.

Au niveau international on observe aussi des évolutions géostratégiques importantes : La chine semble vouloir jouer pleinement son rôle de grande puissance et la Russie est en passe de briser l’encerclement et le refoulement auxquels elle était promise. La Chine, d’abord, a pris pied dans la mer de Chine en y construisant des îles artificielles qui lui donnent un avantage dans cet environnement immédiat disputé, celles-ci servant de Porte-avions statiques. La construction d’une voie ferrée et des pipelines reliant la province du Xinjiang dans le nord-ouest à l’Océan Indien via le port pakistanais de Gwadar, lui permet de ne pas trop dépendre du détroit de Malacca dans son approvisionnement, ce qui pouvait brider sa puissance. A cela s’ajoute la construction ou l’acquisition des infrastructures portuaires et aéroportuaires dans différentes régions du monde, le projet d’un canal interocéanique au Nicaragua en concurrence avec celui de Panama ou la création de la BAII (Banque Asiatique d’Investissement pour les Infrastructures) qui consolident le statut de « Superpuissance ». Cette configuration laissait présager la fin d’un monde unipolaire et l’émergence d’un condominium sino-américain, d’autant plus que certaines institutions financières ont présenté la Chine comme étant la première puissance économique en 2016, sans pour autant que ce classement fasse l’unanimité.

C’était sans compter avec les manœuvres russes, en Crimée d’abord, dans le Donbass ensuite en prenant parti pour les russophones locaux, puis son irruption décisive dans le conflit syrien qui a changé la donne et fourni à cette dernière et à son armée un prestige inespéré et deux bases à la clé : Une navale sur la Méditerranée, la seule qu’elle dispose dans les eaux chaudes, et une autre pour la composante aérienne, faisant oublier, du même coup, les faiblesses notées lors de l’opération de 2008 en Géorgie. Enfin, ces deux puissances, dont l’une pèse plus sur le plan économique et l’autre sur le plan militaire, profitent aussi de l’effacement ou de l’impuissance des européens à parler d’une seule voix, les incertitudes internes affectant l’Union de ces derniers à l’extérieur.

Les effets de cette nouvelle donne se font observer petit à petit ; Certains pays se permettent certaines libertés qu’ils n’auraient pas osées hier à l’instar des pays africains qui veulent sortir de la CPI ou des Philippines qui bravent leur protecteur classique. Par contre, sur le plan économique au niveau mondial, ce que perd la ligne ultralibérale en occident est récupéré plus au sud où cette ligne n’est point menacée. Les traités de libre-échange dont la légitimité est remise en question en Occident, passent comme une lettre à la poste ailleurs dans le monde. En Asie, en Afrique ou en Amérique du sud où la gauche, bolivarienne ou pas, perd du terrain ; le libéralisme économique le plus décomplexé triomphe.

Les guerres ouvertes ou larvées en Afrique centrale, au Nigeria, en Libye, en Syrie-Irak au Yémen, à la frontière indo-pakistanaise ou dans le Donbass, les tensions politiques en Occident et le risque de faillite de certains états, ajoutés au risque de confrontation directe entre grandes puissances, augurent d’une année 2017 à haut risque.

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