07/08/2017, La Rédaction
Le Rwanda est un pays qui se prétend démocratique. Mais curieusement, cette démocratie n’est en réalité qu’une démocratie de façade. Car, dans ce pays – qui se dit démocratique – seul le parti au pouvoir – le Front patriotique rwandais, FPR-Inkotanyi – dirige sans aucun partage. De plus, ses dirigeants se targuent le droit de flinguer les lois et de changer toujours la constitution à leur avantage, quand ils le veulent et comment ils le veulent. Depuis déjà que ce parti est arrivé au pouvoir, en 1994, par le biais des armes, les droits de l’homme ne cessent d’être constamment bafoués et de se détériorer. Sans remord ni aucun scrupule, ce parti-famille tue ou met en prison toute personne qui ose le critiquer, contredire ses thèses idéologiques ou tout simplement ne chante pas ses louages. Pire encore, il cadenasse des espaces publiques pour la presse, la liberté d’expression et le droit d’opinion. Ce régime n’est simplement qu’un régime militaro-politico-dictatorial.
Cet article repris intégralement sur le site www.musabyimana.net où il est publié sous le titre de Hold-up électoral de Paul Kagame sur le Rwanda, démontre clairement comment le fiasco de la présidentielle qui vient de se dérouler au Rwanda a été, depuis déjà 2015, bien pensée et organisée. L’auteur relève ce qu’est réellement et actuellement la la démocratie au Rwanda. Il s’autorise même le droit de démasquer nommément les fossoyeurs – nationaux et étrangers – de la vraie démocratie au Rwanda. L’article justifie et conforte les raisons de la grogne de l’opposition – majoritairement en exile – qui, depuis toujours, crient haut et fort dénonçant sans arrêt les bavures d’un régime militaro-politico-dictatorial et autoritaire. Retour sur le fiasco de la présidentielle rwandaise et la nature du FPR, dirigé par le Général Paul Kagame.
Ces derniers jours, le nom de Paul Kagame est le plus cité parmi les Africains dans la presse et cela encore pour quelques temps. Les plus assidus à suivre l’actualité vous diront que c’est le nom d’un président africain exceptionnel qui vient de réussir à se faire réélire avec plus de 98% des suffrages, au moment où plusieurs de ses paires peinent à réaliser un score de 51%. Les férus des histoires sensationnelles vous diront qu’il s’agit du seul général des temps modernes qui aura réussi à arrêter un « génocide » qu’il a lui-même provoqué et qui a remplacé les institutions d’un pays dont il était étranger par une bande de copains de l’ethnie minoritaire dans ledit pays qui sont nés et grandis dans les pays voisins (armée et police, administration, corps médical, corps enseignant, hommes d’affaires, …) en chassant ou en tuant sa population locale . Les économistes ou ceux qui se prennent comme tels vous diront enfin, qu’il s’agit du seul chef d’Etat au monde qui, en 23 ans seulement, est parvenu à sortir un pays de la misère et de la pauvreté pour le rendre prospère.
MAIS chaque Rwandais, dans son for intérieur, même le moins au fait de la chose politique, sait que Paul Kagame est cet ancien enfant de rue de Kampala en Ouganda, puis enfant-soldat dans la rébellion de Museveni avant de diriger les renseignements militaires de ce pays (l’Ouganda). Les Rwandais savent ensuite que c’est ce Paul Kagame qui fut choisi par les cyniques stratèges des superpuissances anglophones pour « implémenter » le plan qu’ils venaient de concocter pour la région des Grands Lacs en Afrique.
Ce plan reposait sur la réponse à l’interrogation suivante que ces cyniques décideurs du sort de la région de Washington, Londres avec Bruxelles pour l’expertise, se sont posés après la chute du mur de Berlin: une minorité ethnique peut-elle s’emparer du pouvoir dans un pays dont les institutions (gouvernement, armée et police, administration….) sont dominées par les ressortissants de l’ethnie majoritaire et jouissant d’un réel soutien populaire? La réponse était OUI par une conquête militaire, à condition:
- Que la branche armée de cette minorité soit militairement très soutenue avec une base arrière sûre et inattaquable ;
- Que la conquête soit diplomatiquement et médiatiquement défendue et faussement justifiée ;
- Que les dégâts collatéraux (massacres des populations civiles) qui seraient énormes soient occultés lors de la conquête ou alors mis sur le dos des défenseurs du pays à conquérir ;
- Que l’armée de conquête ait à sa tête un individu assez pathologique pour tuer ou faire tuer sans états d’âme mais aussi vulnérable pour avoir toujours besoin de la protection ou de jouir d’impunité de la part de ses créateurs.
Pour cette dernière condition, ils n’ont pas cherché longtemps. Ils connaissaient bien Paul Kagame, depuis son maquis ougandais, et qu’il souffrait de troubles de la personnalité en général et de dysfonctionnement de l’humeur en particulier qui lui impriment une propension à détruire et à tuer sans états d’âme. La conquête débuta en octobre 1990 et dura près de quatre ans. Enfin la bande de Tutsi venus d’Ouganda conduite par Paul Kagame, armée et soutenue par les puissances anglo-saxonnes s’empara de tout le pays en juillet 1994. Et comme prévu, Kagame avait massacré la population civile sur son passage (Byumba, Ruhengeri) sans qu’aucune voix ne soit entendue pour le condamner. Le paroxysme fut atteint en avril 1994 quand il a déclenché des massacres à grande échelle n’hésitant pas à sacrifier ses congénères d’ethnie tutsi comme l’ont fait remarqué par après plusieurs chercheurs.
Toujours comme c’était prévu dans le plan initial, cet assaut final de Kagame fut qualifié de « génocide » et mis sur le dos de ceux qui se défendaient et défendait le pays contre les conquérants venus d’Ouganda.
C’est ce Kagame que les Rwandais connaissent depuis 1994. Ils le connaissent en 1995 à Kibeho quand il a fait tirer sur un camp de déplacés abritant des milliers de femmes et d’enfants en en tuant plus des 8000 d’entre eux. Ils le connaissent quand en 1996, il traversa la frontière de l’ex-Zaire pour aller massacrer les Hutu qui l’avaient fui et qui étaient regroupés dans les camps des réfugiés, les survivants en fuite dans la jungle seront poursuivis sur plus de 2000 km et chaque fois tués quand ils étaient rattrapés. Ils le connaissent en 1998-2000 quand il décima les collines entières dans Gisenyi et Ruhengeri dans des opérations dites « abacengezi » prétendant qu’il se battait avec les Hutus armés venus du Congo.
Sur le plan politique, les Rwandais connaissent Paul Kagame quand en 2000, estimant avoir assez appris du pays conquis dont il ne connaissait que de nom, il a écarté dédaigneusement le hutu Pasteur Bizimungu qu’il avait mis comme « figurant président de la République ». Il allait désormais assumer sa conquête en s’accaparant sans détours de tous les rouages de l’État. Les Rwandais le connaissent aussi en 2003 quand il se fit élire à 93% des suffrages d’après ses services, alors que son challenger d’alors Faustin Twagiramungu, qui selon tous les observateurs, l’avait devancé, ne fut crédité que de 3 %. Les Rwandais le connaissent toujours lorsqu’en 2010, après avoir mis en prison Madame Victoire Ingabire pour le seul crime d’avoir voulu se présenter contre lui, le même Paul Kagame a organisé un simulacre d’élection mais en fixant par avance le score qu’il devait récolter : 95%. Ses services s’exécutèrent.
Les Rwandais l’ont enfin connu quand, en 2015, dans son obsession de rester président à vie, il a fait modifier la Constitution qui limitait ses mandats à deux et dont il venait d’achever le second.
Et c’est un tel individu que l’on voudrait présenter aux Rwandais comme un « homme exceptionnel » parce qu’il vient de se faire élire à 98% ! C’est insultant.
Quelques observations sur cette nième mascarade, fruit des caprices du dictateur Kagame
Le score
Le chiffre de 98 avait été fixé en fonction du score du référendum de 2015 qui amendait la Constitution. Il l’avait remporté à 98%. Comme cet amendement visait à permettre au même Kagame de se présenter en 2017, dans son esprit, il était inconcevable qu’il obtienne un score inférieur lors de son élection. Ses services connaissant sa fureur en cas de contradiction, ont donc travaillé à lui trouver (on a décidé de proclamer le moment venu) son cher score. Et voilà les 98% sortis des urnes, et tout le monde est heureux!
Scores des candidats «faire-valoir» : messages à faire passer
Les scores attribués aux deux candidats faire-valoir ont aussi une signification politique. L’ancien SDF ramené de France par les services du régime et dont les signatures exigées pour la validation de sa candidature furent rassemblées par le FPR à son absence, devance le transfuge du FPR et venu d’Ouganda comme Kagame. Le premier est hutu et se présentait comme indépendant, le second est tutsi est se présentait sous la bannière d’un parti. Kagame veut signifier à travers Frank Habineza qu’aucun parti politique ne doit apparaître comme pouvant grignoter sur les votes du FPR. Si c’était le cas, il serait alors dissous (cas du MDR) ou alors non enregistré (cas des FDU-INKINGI). La consigne était donc de ne pas comptabiliser le peu de voix qu’obtiendrait Habineza et pouvant le faire passer devant Mpayimana.
La presse internationale
Face à cette farce, les médias internationaux, surtout francophones sont gênés et frôlent le ridicule. Eux qui ont toujours encensé Paul Kagame sans oser la moindre critique en son égard, ne savent plus comment commenter son exploit. Ces médias, qui se sont compromis depuis 23 ans, en présentant les crimes du dictateur comme des actions humanitaires, ces violations des droits de l’homme comme une bonne gouvernance, son pillage comme une bonne gestion… ne trouvent pas de termes pour présenter la mascarade électorale qui attribue à leur idole un score stalinien, comme une belle leçon de démocratie, comme ils en avaient l’habitude en vendant l’image de Kagame à leur opinion. Ils sont réduits à signaler sans commentaires qu’il y a bien eu lieu une élection au Rwanda.
Les observateurs africains : UA, COMESA
Les premières déclarations de ces observateurs africains sont simplement scandaleuses, ahurissantes et révoltantes. Ils auraient en effet déclaré que cette élection était « parfaite et devrait servir d’exemple au reste de l’Afrique» (cfr VOA, kirundi-kinyarwanda du 04/8/2017). Ainsi donc, ces observateurs souhaitent des régimes dictatoriaux partout en Afrique et donc dans leurs pays respectifs aussi. Quand on sait que beaucoup sont dans l’opposition dans leurs pays, beaucoup plus démocratiques que le Rwanda, ils souhaiteraient donc eux aussi être muselés (tués ou emprisonnés ou alors exilés comme le sont les opposants rwandais). C’est du masochisme politique, tout cela pour avoir les faveurs du dictateur Kagame. Pauvres africains !
Perspectives pour les opposants
Les Rwandais de bonne foi en général et les opposants au régime de Kagame en particulier doivent se convaincre davantage que ce dictateur psychopathe a pris le pays et son peuple en otage. Il doit impérativement être chassé du pouvoir. Mais comme aucun moyen pacifique ne peut le déloger, seuls les moyens violents peuvent le débarrasser du Rwanda et rendre au peuple sa liberté et sa dignité. L’opposition devrait donc travailler dans cette perspective, en s’organisant en conséquence, en s’en donnant les moyens, et en œuvrant pour en convaincre les partenaires du Rwanda.