La mort inopiné du roi Kigeli V a été annoncé le 16 octobre 2016. La mauvaise nouvelle a fait la une des journaux du monde entier. C’est avec une vive émotion que tous les Rwandais ont appris que le roi n’était plus de ce monde.
Mais, qui était donc ce roi qui n’a régné sur son pays que pendant 2 ans?
En 1959, Kigeli V Ndahindurwa n’a que 23 ans quand il hérite du trône, après la mort du roi Mutara III Rudahigwa, son demi-frère. A l’époque de la colonisation, c’est la Belgique qui contrôle le pays. Le Mwami, roi du Rwanda n’est plus le monarque prestigieux comme ses prédécesseurs du 17ème siècle et avant. En 1961, les Belges lancent un processus d’autonomie interne. Un référendum est organisé; 80% de Rwandais votent pour l’abolition de la monarchie. Depuis, Kigeli V prend le chemin d’exil pour la deuxième fois puisqu’il s’était déjà exilé avec son père Yuhi Musinga au Congo dans les années 1940, à Moba. Mais cette-fois-ci, ce sera pour plus d’un demi-siècle.
Le roi Kigeli V n’aura donc pas assisté à l’indépendance de son pays en 1962. Passé par le Congo, Uganda, Tanzanie, il s’installe pendant plusieurs années à Nairobi au Kenya. En 1992, il demande et obtient l’asile politique aux États-Unis d’Amérique. Le dernier journaliste américain qui a rencontré le monarque déchu dans son exil de la banlieue de Washington décrit un vieil homme vivant humblement grâce aux aides sociales américaines et aux dons de la diaspora.
Plusieurs questions se posent
Qui aurait imaginé qu’après la prise du pouvoir par le FPR, Kigeli V n’allait pas rentrer au Rwanda et retrouver les siens qui lui manquaient tant ? La politique en a décidé autrement. Il est resté en exil. Le président Kagame a expliqué qu’il l’avait rencontré en 1996 pour le convaincre de rentrer comme les autres Rwandais qui avaient connu l’exil. Cependant, le Roi Kigeli V, qui s’exprimait clairement même si c’était rare, il avait rappeler que des Rwandais qui avaient manifesté leur attachement au roi, étaient toujours menacés et considérés comme ennemis du pays, et que de ce fait, rien ne lui garantissait sa sécurité à son retour comme citoyen ordinaire.
Tous les gouvernements qui se sont succédé, y compris celui du FPR, ne lui ont pas offert, semble-t-il, les conditions satisfaisantes pour son retour et son installation dans son pays. Même, à ce jour, il n’est pas sûr que ses obsèques se déroulent dans son pays natal. Aura-t-il un successeur? On n’aura pas de réponse avant les funérailles.
Jean-Claude Mulindahabi