07/10/2025, par Me Innocent TWAGIRAMUNGU.
L’année 2000-2025. Un quart de siècle du XXIème siècle. Un quart de siècle très marquant dans l’histoire de la géopolitique du monde. Un quart de siècle d’un tournant décisif dans le processus de démocratisation et d’émancipation – politique, économique et culturel – de nombreux pays. Le nouvel Ordre mondial qui, après celui du dernier siècle marqué par l’effondrement du Mur de Berlin en Occident, se dessine. Un grand rendez-vous du XXIème siècle auquel à ne pas manquer, appelant la participation de toutes les nations et de tous les continents. Est-ce que l’Afrique, dans sa diversité et ses ambitions, est-elle prête à y prendre part ? Analyse de Maître Innocent TWAGIRAMUNGU, Avocat au barreau de Bruxelles – Droit des affaires, bancaire et financier.

Me Innocent Twagiramungu, Avocat au barreau de Bruxelles – Droit des affaires, bancaire et financier.
Le XXIe siècle est une période à part, marquée par des bouleversements sociétaux, éthiques, climatiques et par la révolution numérique. Un siècle où l’avenir de nombreux pays classiquement classés sous rubrique de pays du « tiers monde » ou d’« envoie de développement » s’affranchissent et s’affirme avec fermeté, sans peur ni complexe, sur le plan politique, économique et culturel, comme existants et membres actifs incontournables dans la prise des grandes décisions du nouvel Ordre mondial. Une période de grands changements géopolitiques, où l’Afrique, cette fois-ci, au concert des nations, doit se montrer très active, dynamique, efficace et responsable de son destin. La fin du cycle néocolonial et l’émergence d’un ordre afro-centré fondé sur la reconquête des leviers monétaires et institutionnels, fait-il remarquer Maître Innocent TWAGIRAMUNGU.
Le XXIe siècle se caractérise de grands changements, fait-il remarquer, sur le plan géopolitique et économique par le déclin de l’hégémonie occidentale et la montée des nouvelles puissances, dites, en Sciences politiques, puissances émergentes, connues sous le terme de “BRICS+”.
Initialement fondé par le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, puis rejoint par l’Afrique du Sud, le groupe dit “BRICS+” inclue aujourd’hui l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie, l’Indonésie et l’Iran.
En effet, ce XXIe siècle se caractérise aussi, sur le plan géopolitique et économique, par la primauté des stratégies géoéconomiques sur les stratégies purement militaires, une mondialisation générant à la fois opportunités et inégalités, ainsi que des défis globaux comme le changement climatique et les crises environnementales.
La révolution numérique, le croisement de nouvelles idées et pensées, des cultures et la croissance de l’individualisme, eux aussi, influencent également les relations internationales. Dans ce « tourbillon des eaux profondes troubles » – période de grandes mutations culturelles et de diverses stratégies géoéconomiques – où donc les plaques tectoniques du pouvoir mondial se déplacent, est-ce l’Afrique y joue un rôle ? Et si oui, lequel ? autrement dit, quelle est ou serait-elle sa place dans ce « tourbillon des eaux profondes troubles » ? Maître Innocent TWAGIRAMUNGU, Avocat à Bruxelles – Droit des affaires, bancaire et financier analyse la situation et nous propose, dans son article intitulé « L’Afrique au-delà de la prédation : l’éclipse des anciennes puissances mondiales », sa lecture : une lecture stratégique de la recomposition du pouvoir mondial vue depuis le continent africain.
Rédigé dans un style analytique, juridique et rigoureux, l’article s’inscrit dans les débats actuels sur la redéfinition de la gouvernance mondiale.
Avocat à Bruxelles – Droit des affaires, bancaire et financier, Maître Innocent TWAGIRAMUNG soutient, en effet, que l’Afrique, longtemps cantonnée au rôle d’objet de domination, s’affirme désormais comme un pôle de souveraineté et d’équilibre dans un monde multipolaire.
Maître en droit public et Avocat d’affaires à Bruxelles, spécialisé en droit bancaire et financier et en droit pénal, il y analyse les mécanismes économiques et géopolitiques qui marquent la fin du cycle néocolonial et l’émergence d’un ordre afro-centré fondé sur la reconquête des leviers monétaires et institutionnels.
Et si l’Afrique redessinait la carte du pouvoir mondial ?
À l’aube de la souveraineté multipolaire et à mesure que les plaques tectoniques du pouvoir mondial se déplacent, l’Afrique cesse d’être un simple théâtre de rivalités exogènes pour s’imposer comme pôle de souveraineté et acteur stratégique du nouvel ordre international. L’Afrique redessine la carte du pouvoir mondial sonnant ainsi la fin des empires prédateurs.
Longtemps soumise à des structures extractives et à des tutelles héritées du colonialisme, elle affirme désormais son autonomie démographique, économique et géopolitique. Face à la lente érosion du modèle hégémonique occidental, une Afrique multipolaire, souveraine et consciente de sa puissance émerge.
- L’Afrique au cœur de la recomposition mondiale
- Du statut périphérique à la centralité stratégique
Considérée pendant des siècles comme périphérique, l’Afrique s’impose aujourd’hui comme le pivot du XXIᵉ siècle. Ses ressources naturelles, son poids démographique et son potentiel de croissance en font un espace convoité et incontournable.
L’influence exclusive des puissances européennes s’effrite, peu à peu, au profit de nouveaux acteurs émergents — Chine, Inde, Russie, Turquie, États du Golfe. Le continent n’est plus « administré » : il négocie, il décide souverainement.
- La fin du rêve unipolaire
Le mythe d’une puissance mondiale unique s’effondre. La « Pax Americana » et le néocolonialisme économique européen, fondés sur la dette, la dépendance monétaire et les conditionnalités politiques, sont désormais contestés. Le continent africain assume responsablement et consciencieusement la multipolarité et diversifie ses alliances. L’Afrique n’est donc aujourd’hui plus un objet de domination mais un acteur actif de recomposition.
- Dynamiques économiques : entre renaissance et dépendance
- L’intégration continentale comme acte de souveraineté
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) constitue une rupture stratégique : celle d’un marché intérieur unifié, porteur d’industrialisation et de résilience économique. L’Afrique cherche à internaliser la valeur, à produire pour elle-même, à bâtir une économie endogène.
- Les chaînes de la dépendance
Mais la libération demeure inachevée :
- régimes monétaires coloniaux (franc CFA, véritable instrumentum servitutis) ;
- dette extérieure et dépendance financière ;
- captation étrangère des filières stratégiques ;
- flux illicites de capitaux.
Tant que ces leviers ne seront pas maîtrisés, l’Afrique restera sub conditione dominationis.
III. Fin du cycle néocolonial : vers une souveraineté afro-centrée
- L’effritement de l’ordre ancien
L’Occident, miné par ses contradictions morales et économiques, ne peut plus imposer son modèle. Les sociétés africaines, informées et connectées, revendiquent la pleine souveraineté. Les révoltes monétaires, le rejet des bases militaires et l’affirmation d’un discours panafricain en témoignent.
- Un ordre afro-centré en gestation
Les États africains redéfinissent leurs alliances ex ratione utilitatis et non ex fide occidentali. Le choix des partenaires devient un acte de souveraineté (jus eligendi sociorum).
L’avenir du continent dépendra, en effet, de sa capacité à consolider une gouvernance économique continentale, à s’affranchir des tutelles, et à parler d’une seule voix.
Conclusion : le déclin d’un monde, la gestation d’un autre
La puissance mondiale prédatrice est condamnée à disparaître, non par effondrement brutal, mais plutôt par érosion progressive. Un monde post-hégémonique émerge, où l’Afrique, si elle conjugue clairvoyance, unité et fermeté, deviendra, certes, l’un des pôles majeurs de l’équilibre planétaire.
Africa resurget — sed prudenter et firmiter. L’Afrique renaîtra, mais avec prudence et fermeté.