Malgré une vie excessivement dure et une terrible souffrance que la prison lui fait endurer, Kizito MIHIGO aurait gardé son esprit de tolérance et d’ouverture.
La prison centrale de Kigali comme beaucoup d’autres, est un lieu de détention des accusés de crimes et de délits, tout confondu. Les Rwandais de toutes origines et toutes ethnies y sont écroués et donc se côtoient. L’harmonie n’y est pas toujours au beau fixe. Parfois, les divergences interpersonnelles ou des conflits intragroupes peuvent, dans certaines circonstances, déborder et opposer radicalement certains prisonniers.
Selon les témoignages, la dimension ethnique est aussi curieusement omniprésente à l’intérieur de ces « Quatre murs, communément connus sous le nom de 19 30». Cela est d’autant plus probable dans la mesure où les accusés du génocide sont encellulés avec certaines victimes du génocide ayant été reconnues coupables ou poursuivies pour des crimes et délits divers.
En revanche, beaucoup de prisonniers saluent l’attitude de Kizito MIHIGO depuis qu’il est détenu à la prison centrale de Kigali. « Ce garçon est vraiment irréprochable. Depuis qu’il est arrivé, il a beaucoup contribué au retour de la confiance entre certains prisonniers qui étaient constamment en proie à des haines ethniques » témoigne Th., ex-codétenu de Kizito Mihigo.
Kizito Mihigo artisan d’unité et de réconciliation en prison
Le compositeur de la chanson « Igisobanuro cy’urupfu : Explication de la mort », motif fort probable de sa détention, serait bien déterminé à poursuivre son action d’unifier et de réconcilier les Rwandais. Une concordance de témoignage lui reconnait d’avoir contribué à la prise de parole par tous les prisonniers sans distinction, surtout pendant la période de deuil. C’est une action louable pour le vivre-ensemble des Rwandais, quel que soit le lieu.
Au travers de ses activités quotidiennes en prison, le célèbre chanteur en détention n’hésite pas, semble-t-il, à sensibiliser les détenus aux comportements et aux actions en faveur de la tolérance et de l’unité.
Et bien, pourquoi les autorités et la justice rwandaises ne sont-elles pas préoccupées par la libération de cette personne innocente ? Cette libération relèverait a fortiori la perception de l’image du gouvernement rwandais, souvent ternie par des actions d’injustice et de manque de liberté d’expression.
Pour rappel, Kizito Mihigo, rescapé du génocide des tutsi a été arrêté en avril 2014 et condamné en février 2015 à 10 ans de prison, pour « conspiration contre le gouvernement du président Paul Kagame ». Or, ce chanteur n’a jamais été activiste politique, tous les témoignages sont unanimes. La cause de sa détention est bien sûr à chercher ailleurs et par là, sa chanson « Igisonuro cy’urupfu » censurée par le gouvernement en est une cause majeure si ce n’est l’unique motif.
Faustin Kabanza