Rwanda: l’opposant Thomas Nahimana est désormais déclaré ”Persona non grata” au Rwanda

©Photo : Réseaux sociaux. Gouvernance: Politique d'autruche entre l'Abbé Thomas Nahimana et le Général Paul Kagame.

26/01/2017, par Tharcisse Semana

Au Rwanda, les opposants politiques, les journalistes critiques et d’investigation ainsi que les défenseurs des Droits humains engagés sont normalement considérés comme ”personæ non gratæ”. Mais cette fois-ci l’opposant politique Abbé Thomas Nahimana est désormais déclaré Officiellement ”Persona non grata” par Kigali.

Alors qu’il s’apprêtait à embarquer à bord d’un vol de Brussels Airlines (compagnie belge) pour Kigali, des employés de cette compagnie sont venus à sa rencontre lui présentant un document émis et signé par les autorités rwandaises via la direction de son service d’immigration, interdisant toute compagnie desservant Kigali de ne jamais le prendre comme passager. Aucune autre explication qui lui aurait été donnée pour ce refoulement, comme ça lui a été, d’ailleurs, la même date du 23 novembre dernier à l’aéroport de Nairobi avec Kenya Airways.

Dans un communiqué signé par l’agent des relations publiques de l’immigration, Yves Butera, il lui souhaite pourtant la bienvenue au Rwanda mais tout en lui reprochant de n’avoir pas signalé sa double nationalité franco-rwandaise et encore d’être en possession d’un passeport rwandais expiré. Or, la demande de renouvellement de son passeport adressée à l’ambassade du Rwanda à Paris, il y a déjà plus de quatre mois, est restée toujours sans suite.

Ne pas informer les autorités rwandaises de sa double nationalité et d’être en possession d’un passeport rwandais expiré, voilà ce que Kigali reproche à l’Abbé Thomas Nahimana. Et c’est cela qui, selon les autorités rwandaises, constitue de ses graves griefs. Pour les autorités de Kigali, comme elles le laissent entendre dans leur communiqué émis par le service d’immigration, cela justifierait suffisamment le refus répétitif à l’Abbé Thomas d’entrer au Rwanda. Mais alors… que ce qui se dit en catimini et serait substantiellement la cause?

Sa déclaration de candidature à la présidentielle aurait fâché Kigali…

À vrai dire, les griefs avancés par Kigali contre l’Abbé Thomas ne sont vraiment pas fondés. Le fait de n’avoir pas informé les autorités rwandaises de sa double nationalité, de vouloir voyager avec son passeport français valable avec le Visa « East Africa » cela ne constitue en rien de grief. Non plus également la possession d’un passeport rwandais expiré.

L’annonce de l’Abbé Thomas Nahimana de son retour au Rwanda et surtout de sa déclaration de candidature à la présidentielle de 2017, a créé un grand émoi à Kigali. Tout de suite, dès  cette annonce, Kigali a commencé à lui reprocher de propager l’idéologie divisionniste et génocidaire à travers son site internet «leprophete.fr». Mais pour l’Abbé Thomas Nahimana, «cela n’a rien à voir. Cela montre plutôt et simplement, dit-il, que la démocratie criée par le FPR est un mythe. Et d’ajouter encore de plus que Paul Kagame a peur de la compétition démocratique ».

Certaines personnes au sein même de l’opposition en exil lui ont tout de suite reproché dès cette annonce inattendue, de précipiter les choses, lui soupçonnant même d’être domestiqué par le régime du FPR-Inkotanyi actuellement au pouvoir. D’autres craignaient et craignent encore aujourd’hui qu’il soit téléguidé, à l’instar de l’ancien premier ministre Faustin Twagiramungu, en 2003, par certaines puissances occidentales pour leurs intérêts afin de valider la candidature de Paul Kagame. Parmi ces puissances, on pointe notamment du doigt les pays membres du Common Law et les Etats-Unis d’Amérique.

Il est à noter et relever, en effet, qu’au Rwanda même si la constitution consacre le multipartisme en un principe fondateur de la démocratie, il n’existe pratiquement pas de partis d’opposition à l’intérieur du pays. Car tous les partis politiques – même ceux qui se le disent – sont totalement sous le contrôle du FPR de Paul Kagame. Idem aussi pour toutes les entreprises (économiques et commerciales, agro-élevages, de transport public etc.) et la société civile dont font parties des églises, des associations de défense des Droits de l’homme et la presse. A noter également toutes les couches (strates) de la sociétés rwandaise.

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