22/11/2018, Par Tharcisse Semana
Le nouvel Ordre mondial- L’effondrement du Mur de Berlin, comme certains le pensaient, à la fin des années 1980 allait modifier sensiblement des relations internationales qui étaient jusque-là bipolaires. La problématique de l’enracinement et de l’implantation de la démocratie était au cœur de toutes les réflexions sur l’avenir de nombreux pays classés sous rubrique de pays du « tiers monde » ou « envoie de développement ».
Le nouvel ordre mondial semblait donner une lueur d’espoir pour le devenir de ce bloc, en l’occurrence le continent africain, en matière de « bonne gouvernance ». Il s’ouvrait une nouvelle ère, une nouvelle perspective de la géopolitique. Lors du fameux discours de La Baule, en 1990, François Mitterrand posait des conditionnalités à l’octroi des aides à ces pays dits « tiers monde » ou « en voie de développement », en l’occurrence de l’Afrique.
Néanmoins, vingt-six ans après le sommet de La Baule, la « bonne gouvernance » en Afrique reste encore aujourd’hui une simple effigie : On gaspille, et on s’accapare des biens communs. On manipule et on truque des élections. On proclame la victoire d’un tyran, dictateur, totalitariste etc., sans qu’une moindre voix ne s’élève contre. Les leaders politiques – tant ceux de l’opposition que ceux du régime au pouvoir – ne font que saper le processus démocratique afin d’assouvir leurs ambitions politiques personnelles.
Le discours de La Baule allait être le catalyseur de l’ouverture démocratique de certains régimes africains à parti unique alors que d’autres s’accommodaient et s’accommodent encore jusque même aujourd’hui, avec hypocrisie, aux nouvelles donnes géopolitiques. Des conférences nationales se sont tenues dans la quasi-totalité des pays africains, permettant ainsi l’émergence du multipartisme dans la vie politique et l’affaiblissement des régimes qu’on croyait, jusque-là, inébranlables.
Mais ce processus n’a pas fait long feu car le système néocolonialiste demeure toujours coriace et ne permet pas un véritable changement démocratique. À cela s’ajoute également le poids des traditions ancestrales, dans la logique desquelles les notions de « gouvernance » et de « démocratie » n’ont pas fécondé. Tel est aussi le constat du chanteur ivoirien, Alpha Blondy , qui se lève contre le paillage de l’Afrique par l’Occident et dénonce l’immoralité de ses fils et filles. Cet ambassadeur de la liberté d’expression et de la démocratie lève sa voix – si intensément mélodieuse et audible – pour nous dire que le continent africain vit depuis quelques années dans une situation qu’on qualifierait de marasme socio-économique, c’est-à-dire un état pathologique caractérisé par une érosion progressive des valeurs ancestrales. Mais également que la complicité de ses fils et filles dans le pillage contribuent à le plonger dans un avenir incertain. Pour lui, une atrophie de ses ressources humaines et économiques le rôde.
Depuis le XIXème siècle, l’Afrique est sous perfusion d’un pouvoir impérialiste occidental. «Malgré les richesses agricoles, minières et minéralières, nous sommes, chante-t-il, victimes de l’endettement à croissance exponentielle et baignons dans l’économie sous perfusion, c’est la mondialisation à sens unique avec la pensée d’un seul maître à penser ». Tel est le défi auquel l’Afrique s’affronte actuellement et doit relever avec ce que cela implique comme effort et abnégation. Oui, nous sommes dans un monde qui devient de plus en plus un petit village. Un monde où l’isolement, est non seulement souhaitable, mais également une mort en soi. C’est l’ère de la mondialisation avec ce qu’elle impose comme exigence. C’est de l’inter-culturalité avec ce que cela aussi impose. Une globalisation, enfin, qui s’impose, et à laquelle chacun de nous doit absolument se conformer. Oui, devons-nous, nous conformer mais en gardant toujours quelque chose de nous-mêmes. Et, je dis et précise bien: ”se conformer mais sans être du tout conformiste”. L’Afrique y parviendra-t-elle ? L’avenir nous le dira !