De l’intelligence artificielle

07/01/2017, par MNE Nkundabayo

L’intelligence artificielle est au cœur d’une série télé connue sous le nom de West World. C’est une série exceptionnelle ; d’abord par les moyens exorbitants que nécessite son tournage, mais aussi par le thème abordé. Au moment où l’intelligence artificielle suscite autant d’inquiétudes que d’enthousiasme, cette série n’est pas faite pour rassurer. On y assiste à un monde délimité par les contours d’un parc d’attraction gigantesque dans lequel les humains côtoient des humanoïdes à l’intelligence artificielle et dont le physique, le comportement et les expressions sont parfaitement identiques à ceux des hommes réels.

Dans ce parc, les hommes peuvent lâcher prise et laisser libre cours à leurs plus bas instincts. Les humanoïdes peuvent subir humiliations, viols ou massacres tout est dans le « package » du ticket d’entrée au prix prohibitif. Tout est permis à ces « invités » de marque. La mémoire des dernières 24 heures est toujours effacée pour permettre à ces « malheureuses » machines de rester dans de meilleures dispositions envers les clients du parc, après les réparations éventuelles rendues nécessaires par les abus de la veille.

Le plus gênant est l’occultation totale du monde extérieur ; on ne peut pas faire la comparaison entre la conduite de ces hommes dans le parc et celle qu’ils ont dans le monde de tous les jours. Et cela d’autant plus qu’on ne voit qu’une catégorie d’hommes : Des mâles adultes riches manquant totalement d’empathie avec ces jouets à visage humain qui, pourtant, leur ressemblent sur tous les points. Quid du citoyen lambda qui n’a pas les moyens d’entrer dans ce parc ? Est-il traité plus équitablement par ces nantis pervers ? Vue la manière dont ces derniers se lâchent sur les pauvres « programmés » du parc, on peut se poser la question sur leur conduite en dehors. Il est aussi possible de supposer que dans un tel monde futuriste, les pauvres aient été tellement « lobotomisés » que ces riches pervers n’éprouvent même plus de plaisir à les abuser.

On peut aussi penser que cette série se veut comme un message prémonitoire contre les risques réels que comporte l’intelligence artificielle qui, dans une certaine mesure, n’est plus une fiction mais une réalité indiscutable. On y voit les bugs inévitables et leurs dangerosités ; on se demande à quoi s’attendre face à une intelligence artificielle dont la conception et la programmation n’a point de digues morales ou éthiques et dont les seules balises sont celles du profit. Et, dans le parc, on se demande quelle sera la vengeance de ces machines une fois qu’elles auront pris le contrôle, ce qui est inéluctable quand on voit la tournure des choses. Cette certitude fait froid dans le dos car elle nous renvoie à notre futur proche probable.

Dans cette fiction, le cynisme pernicieux des concepteurs de ces machines perfectionnées n’arrange pas les choses. Est-ce que les génies qui développent l’intelligence artificielle dans la réalité sont-ils mieux ? Quelles sont leurs motivations et celles de ceux qui les financent ? Agissent-ils de sorte que leurs créations ne puissent, un jour, prendre le dessus sur l’humanité pour la domestiquer ou l’éradiquer ? Avec la bombe atomique, l’homme a créé pour la première fois de l’histoire de l’humanité, une arme capable de remettre en question, de manière définitive, sa présence sur terre. Jusque-là, le bon sens commun et l’instinct de conservation servaient de garanties contre une telle éventualité apocalyptique. Demain, avec cette intelligence artificielle, quelles garanties pourra-t-on avoir ?

D’autre part, en regardant la série et en oubliant le statut d’êtres artificiels de ces humanoïdes qui sont incarnés par des acteurs bien en chairs et en os, la possibilité d’un tel monde avec des humain à la place de ces humanoïdes effleure l’esprit et ne semble plus tellement fictive. Quand on cherche bien, on trouve des contrées où les sujets sont traités, au mieux, comme des animaux et où les invités sont choyés comme des rois par des hôtes cupides et impitoyables. Ainsi, contrairement à ce qu’on pourrait penser, cette fiction-là n’est pas tellement éloignée d’une certaine réalité.

Au final, que penser de ces gadgets intelligents que l’on laisse envahir nos vies au point de connaitre les plus intimes détails de nos intimités ? Sommes-nous sûrs que ces données collectées, souvent à notre insu, soient toujours utilisées à bon escient ? Ne sommes-nous pas en train de participer, sans le savoir, à notre soumission par un totalitarisme soft qui nous mènerait tout droit vers la société décrite par George Orwell dans son « 1984 » ?

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