Affaire Père Nahimana: Rétropédalage de Kagame ou initiative malheureuse de ses collaborateurs?

Paul Kagame, président du Rwanda lors d'une réunion du bureau politique du FPR à Kigali, le 11/12/2016. Photo (c) Igihe

Le Président rwandais, le Général Paul Kagame vient d’avouer que le refus d’entrée au Père Thomas Nahimana, était une erreur monumentale. Ce dont les Rwandais ne sont pas sûrs, c’est savoir si, c’est Kagame lui-même qui revient sur sa décision, ou si, ce sont ses proches collaborateurs qui s’étaient improvisés pour empêcher l’opposant de rentrer au pays pour faire enregistrer son parti, et préparer les présidentielles d’août 2017, afin de défier “l’homme fort” de Kigali.

Ci-dessous, l’analyse de Samuel Lyarahoze, (à laquelle nous avons eu accès grâce au forum Democracy and Human Rights), pourrait apporter une lueur sur certaines zones d’ombre (NDLR).

Qu’est-ce qui se cacherait derrière le demi-tour de Paul Kagame sur l’Ishema de Thomas Nahimana?

“Le pouvoir ne se donne jamais !”

Je viens d’apprendre avec un grand intérêt que le serviteur zélé des anglo-saxons vient de faire un demi-tour spectaculaire sur la volonté affichée de Nahimana Thomas de rentrer dans son pays natal pour faire enregistrer son parti politique Ishema ry’u Rwanda et ainsi se présenter aux présidentielles de 2017.

Des interrogations fusent de partout surtout des médias sociaux sur les fondements, les motifs et les finalités de ce revirement du « tout puissant dieu », « frère jumeau » de Jésus Christ, Paul Kagame. Sur ce « métamorphose » de « l’omniscient, omnipotent et omniprésent » Paul Kagame, personne ne pourra me convaincre que ce n’est pas lui en personne qui, et par peur de l’inattendue rentrée de l’Ishema et son leader charismatique, a donné les injonctions à ses subordonnés, hypnotisés à l’aveuglement, de commettre le quasi-irréparable faute de refus au citoyen paisible, le Révérend Père Thomas Nahimana, de regagner son pays natal, le Rwanda.

Il importe alors de se demander le pourquoi de ce demi-tour soldatesque de l’« afandi » Paul Kagame. Primo, précisons les causes de l’interdiction d’entrer sur le sol rwandais imposée à Nahimana par Paul Kagame.

Sans remettre en cause la peur omniprésente et imminente de la crique oligarchique de Paul Kagame que  l’occident a mis au cœur de l’Afrique pour mieux la faire saigner ;  sa peur de voir enfin le Peuple rwandais oser, en la manière de Nahimana et son Ishema, la défier par une seconde révolution populaire comme celui de 1959 ne peut en aucun cas être écartée.
Mais, une autre raison plus pertinente, à notre humble avis, réside dans la dépendance décisionnelle totale de Paul Kagame vis-à-vis de ses mentors américains et britanniques. En effet, Paul Kagame ne peut prendre aucune décision violant gravement les droits humains fondamentaux sans leur avis signé conforme, qu’il ne sera pas internationalement et pénalement poursuivi et puni pour ces forfaits. En tout cas, s’il est devenu le tueur gage et en série depuis 1990 jusqu’ à maintenant, c’est qu’il était et reste toujours fortement soutenu dans tous ses crimes par les familles « clintonienne » et « blaire ». Le licenciement de Car Del Ponte du TPIR pour avoir osé tenter de chercher la vérité sur la cause essentielle du génocide rwandais et la mise sous scellé du « maping rapport » sur la RDC sont des preuves irréfutables de ce soutien indéfectible.

En d’autres termes, «la victoire apparente et temporaire d’Ishema » sur l’esclave de l’impérialisme anglo-saxon, Paul Kagame,trouve son fondement dans les bouleversements politiques inattendus qui, récemment, viennent d’intervenir dans ces états, US et UK, notamment le « Brexit » et l’élection de Donald Trump. Je peux parier que si Hillary Clinton avait été élue Présidente des Etats Unis, Paul Kagame aurait ouvert grandement la porte du Rwanda pour envoyer, le plus rapidement possible, le Révérend Père Nahimana dans la célèbre prison de 1930. Il ne l’a pas fait, à ce moment-là, dans l’attente de trouver un lobby qu’il l’ouvrira les portes de la Maison Blanche.

Le dernier motif qui justifierait le comportement de Kagame est l’espoir des services de son renseignement que Nahimana et son équipe ne rentreraient pas au Rwanda. En fait, et d’une part, comme l’Ambassadeur de Paul Kagame à Bruxelles et à l’UE, Mr Olivier Nduhungirihe l’a maintes fois avoué, tous les ambassades du Rwanda sis sur le sol européen avaient reçu l’ordre de ne pas délivrer le visa à Nahimana et son équipe. Le scénario joué, manque de passe part et de visa, sur Faustin Twagiramungu du RDI, avant l’élection de 2010, était quasi-attendu à Kigali. Comment pouvait Nahimana, lui aussi, prendre l’avion avec le passeport français sans visa ? Selon Kigali c’était impossible !


Le Père Thomas Nahimana et ses camarades du parti Ishema, avaient passé près de trois jours à l'aéroport Jomo Kenyatta, suite au refus d'entrée au Rwanda par les autorités rwandaises

Le Père Thomas Nahimana et ses camarades du parti Ishema, avaient passé près de trois jours à l’aéroport Jomo Kenyatta, suite au refus d’entrée au Rwanda par les autorités rwandaises

D’autre part, grâce au campagne extra-outrancier des media rwandais pro Kagame accusant Nahimana de tous les maux, et suite à ce qui est arrivé aux autres opposants politiques au régime sanguinaire de Paul Kagame, personne ne croyait, sincèrement, en la détermination de Nahimana et de son équipe d’oser entrer dans « le trou du vipère », main-vide, pour l’en déroger.

Ainsi et sur ce dernier point, beaucoup de rwandais pensent et affirment même que le redoutable DMI n’avait même pas « techniqué » de fausses accusations, comme il le fait pour les autres, contre Nahimana avant sa probable arrivée de le pays de l’« afandi », Paul Kagame.

Se poser des questions sur le revirement, le demi-tour à 180° de Paul Kagame en acceptant cette fois ci que Nahimana aille au Rwanda, a pour but de répondre ces questions :
1.      Aurait Paul Kagame eu, cette fois, l’assurance de ces maîtres anglo-saxons que s’il tue ou met Nahimana Thomas en prison ils, comme à l’accoutumé, le couvriront ?
2.      Serait-il la preuve d’affaiblissement de Paul Kagame après la défaite de ses supporteurs inconditionnels ? Est-il prêt à ouvrir l’espace politique et accepter la compétition ?
3.      Aurait le DMI cette fois-ci déjà « techniqué » ou est-il en train de « techniquer » les fausses accusations contre Nahimana au cas où il maintient son programme de rentrer au Rwanda ?

Sur ce, il est de notre avis qu’après la résolution de l’EU sur l’affaire Victoire Ingabire et la chute libre des Clintons, « le plus grand criminel en fonction » sur l’échelle mondiale, Paul Kagame se trouve dans une situation d’aversion-aversion. D’une part, à l’absence des Clintons et Blaires la pression de certains États européens, hier soumis au dictat américain, se fait sentir sur ses épaules. De l’autre part, Paul Kagame sent aussi que la révolution populaire semblable à celui de 1959 approche : c’est la prédication que Thomas entendrait aller prêcher au Rwanda. On voit alors que de deux côtés, notre pauvre serviteur de l’oncle Sam, Paul Kagame voit sa mort très proche. Que va-t-il faire alors ?

Je reste convaincu que Paul Kagame n’ouvrira jamais l’espace politique. Si Nahimana rentre au Rwanda, il sera certainement emprisonné sauf s’il abandonne sa ligne politique et accepte de jouer, comme les autres partis politiques, dits d’opposions, rwandais un simple rôle de figurant. Ainsi, pour ses propres intérêts, Paul Kagame est prêt à sacrifier, une nouvelle fois, le Peuple rwandais comme il l’a fait en 1994 en sacrifiant les Tutsis de l’intérieur.

Entendons-nous bien : une telle conclusion ne signifie nullement la mise en cause de la voie non violente suivie par le parti Ishema de secouer le régime « kagamien ». Si Kagame le tue ou le met en prison, c’est le prix de la liberté. « Les libertés publiques ne se donnent jamais, elles s’arrachent », souvent par versement de son sang.   Le pouvoir ne se donne jamais !!!

D’ailleurs je soutiens les sanctions économiques, que certains Etas démocratiques européens risquent d’infliger au Peuple rwandais, sanctions de nature à faire fléchir Paul Kagame au lieu de la guerre qui détruit tout, humain et matériel. Ma préoccupation ici est celui de savoir ce que nous, les autres politiciens, ferons après cette n me violation fragrante de l’un des droits fondamentaux de la personne humaine. Allons-nous alors prendre les armes ?

Le 14 décembre 2016, Samuel Lyarahoze

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