23/03/2017, La Rédaction
Les autorités rwandaises (au plus haut sommet de l’Etat) ne se décrédibilisent-elles pas en refusant de comparaître à l’audience à laquelle elles avaient été convoquées?
C’était hier à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples à Arusha en Tanzanie dans un procès qui l’oppose à Mme Victoire Ingabire Umuhoza.
D’après le communiqué de presse du 2ème Vice-Président des FDU Inkingi, Joseph Bukeye, malgré l’absence de l’Etat rwandais, l’audience a bien eu lieu:
COMMUNIQUE DE PRESSE
L’ETAT RWANDAIS S’EST RETIRE INTEMPESTIVEMENT DU PROCES QUI L’OPPOSE A MADAME VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA DEVANT LA COUR AFRICAINE DES DROITS DE L’HOMME ET DES PEUPLES A ARUSHA EN TANZANIE.
Les Forces Démocratiques Unifiées (FDU Inkingi), parti politique d’opposition au régime du Front Patriotique Rwandais (FPR) au pouvoir en place, portent à la connaissance du public que l’Etat Rwandais ne s’est pas présenté ce mercredi 22 mars 2017 au procès que lui avait intenté Madame Victoire INGABIRE UMUHOZA, présidente des FDU INKINGI et prisonnière politique au Rwanda, dans l’Affaire n°003/2014 en cours devant la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, à Arusha en Tanzanie.
Les raisons invoquées par le gouvernement rwandais dans une lettre adressée à la CADHP mettent en cause l’impartialité de cette Cour liée à ses sources de financements. L’Etat rwandais accuse les bailleurs de fond de la Cour Africaine, à savoir l’USAID (United States Agency for International Development), la GTZ (German Technical Cooperation Agency) et FIDH (Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme) entre autres, d’avoir corrompu le Greffier et les Juges auprès de la Cour, pour qu’ils acceptent les requêtes de la défense aux fins de condamner l’Etat rwandais pour crime de violation des droits de l’homme.
Le gouvernement rwandais prétend, en outre, qu’il y a eu rectification de l’arrêt de la Cour du 3 juin 2016 portant décision de la poursuite des débats pour les affaires pendantes devant la Cour. Or, la rectification dont il est question ne concerne que des erreurs de frappe qui ont été corrigées.
Une autre raison invoquée pour justifier l’abandon du procès est, selon l’Etat Rwandais, le manque d’indépendance et d’impartialité de la Cour au motif que la Cour aurait accepté les requêtes de la défense .
Au cours de l’audience du 4 mars 2016, la défense avait introduit quatre requêtes, à savoir :
Une requête demandant le rejet des arguments exposés par la CNLG pour justifier la qualité d’Amicus curiae ;
Une requête pour ordonner à l’Etat Rwandais de faciliter l’accès des avocats de la défense à leur cliente ;
Une requête pour ordonner à l’Etat rwandais de prendre les dispositions utiles pour que Madame Victoire Ingabire Umuhoza puisse suivre son procès par Vidéoconférence ;
Une requête pour demander à l’Etat Rwandais de se conformer aux directives de la Cour notamment en ce qui concerne sa décision du 7/10/2015 portant sur le dépôt des documents pertinents.
La Cour a infirmé les 1ère et 3èmerequêtes et validé les 2ième et 4ième.
Malgré l’absence de l’Etat rwandais, l’audience a bien eu lieu. Elle s’est tenue dans un climat serein. Plusieurs questions ont été posées par la Cour dont certaines concernent particulièrement la procédure de révision des jugements au Rwanda. Après la clôture des débats, les parties doivent déposer leurs conclusions et l’Affaire mise en délibérée.
Les FDU trouvent que le retrait intempestif est injustifié et montre le vrai visage du régime de Kigali. En effet, le régime de Paul Kagame n’accepte que sa propre justice ô combien partiale et inéquitable. Lorsque les bailleurs de fonds financent sa justice, personne n’a rien à y redire et ces financements semblent devenir une preuve de crédibilité ; mais quand les mêmes bailleurs financent d’autres Cours sur lesquels le FPR n’a pas la mainmise, ceci devient corruption.
Les organisations internationales de droit de l’homme comme Amnesty, HRW d’une part et l’Union Européenne d’autre part, n’ont jamais cessé de dénoncer le procès politique dont Mme Victoire Ingabire avait été victime.
Nous demandons aux Pays bailleurs de Fonds du gouvernement du FPR de faire pression pour que la Présidente des FDU-Inkingi , Mme Victoire Ingabire Umuhoza, soit libérée sans conditions.
Fait à Bruxelles le 22 Mars 2017
Joseph Bukeye
Deuxième V-Président des FDU-Inkingi